Publié le 03/08/2021
E Michael Jones
[Suite et fin de l'article précédent]
Soral poursuit en décrivant "l'aventure communiste européenne du vingtième siècle comme "judéo-chrétienne" : Juive au sommet, dans sa volonté de domination, et chrétienne à la base, pour ses idéaux communautaires." Des théoriciens juifs comme Ferdinand Lasalle et Karl Marx ont utilisé le prolétariat goyische comme leurs guerriers par procuration pour démanteler les lois et la culture catholiques qui avaient été mises en place pour protéger les chrétiens européens contre la domination des usuriers, remettant involontairement leurs cultures aux révolutionnaires juifs qui étaient les agents de la finance juive. Cette alliance n'est nulle part plus évidente qu'à Paris. C'est le romancier français Balzac qui a le mieux résumé la situation lorsque, après avoir vu James Rothschild et le révolutionnaire allemand Heinrich Heine se promener bras dessus bras dessous, il s'est exclamé : "Voilà ! Tout l'esprit et l'argent des Juifs !" Le meilleur exemple de la nature judéo-chrétienne du marxisme est celui-ci:
György Lukács, fils d'un banquier juif issu de la haute bourgeoisie hongroise, tente de démontrer par des élucubrations conceptuelles virtuoses le destin messianique et anti-bourgeois d'un prolétariat idéalisé qu'il n'a jamais connu dans la vie réelle. Le dogme allait conduire cet homme de lettres raffiné à s'associer au gouvernement sanguinaire de Béla Kun et à défendre jusqu'à sa mort l'héritage de Joseph Staline !
Le fait que Soral ait choisi comme l'un de ses articles de mode un T-shirt portant le mot "goy" montre qu'il reconnaît tacitement le rôle qu'il a joué en tant que marxiste dans la subversion de sa propre identité de catholique français. Le marxisme a trahi le prolétariat parce que les Juifs qui en étaient les théoriciens n'ont jamais pu cesser de considérer le prolétariat comme un ensemble de goyim :
Le prolétariat, prétendument révolutionnaire, a aussi été utilisé comme un outil de revanche et de conquête par les déclassés sociaux et les cosmopolites contre les élites riches : la bourgeoisie chrétienne de la nation qu'il fallait déplacer au nom du prolétariat. En tant que classe sociale, le Peuple peut être défini comme la combinaison du prolétariat et de la classe moyenne. Ainsi, le Peuple, c'est la petite bourgeoisie et le prolétariat, qui vivent leur vie quotidienne côte à côte : comme le cafetier, propriétaire de ses moyens de production, et son client, l'ouvrier salarié.
À ce moment-là, Soral abandonne son marxisme et devient un Français patriote après le lettré qui se languit de l'époque de Charles de Gaulle, déposé par des révolutionnaires marxistes juifs comme Daniel Cohn-Bendit travaillant pour des financiers juifs comme les Rothschild :
Le peuple est toujours patriote. Prolétariat fantasmé et manipulé par les abstractions d'agitateurs cosmopolites dans le sens de l'internationalisme, mais la réalité de l'Histoire démontre que le Peuple est toujours patriote.
Patriote comme le peuple de la Commune de Paris, refusant au nom de la fierté française la défaite de Sedan et une soumission à l'occupant prussien, acceptée par la bourgeoisie versaillaise. Peuple acclamant toujours ses équipes sportives nationales, face au mépris ou à la manipulation quand le sport devient un marché, des élites d'argent dédaigneuses de ces engouements simples et collectifs (cf. Bernard-Henri Lévy).
Soral aurait dû être le leader du mouvement des Gilets jaunes, composé, pour reprendre ses propres termes, "de la petite bourgeoisie et du prolétariat, qui vivent leur vie quotidienne côte à côte : comme le propriétaire d'un café, qui possède ses moyens de production, et son client, le travailleur salarié". Pourquoi il ne l'a pas été, c'est ce qu'il devra lui-même révéler dans le chapitre qui manque encore à ce livre.
Tant qu'il n'aura pas résolu sa crise d'identité, Soral restera l'une de ces personnes assises dans ce triste café, portant son gilet jaune et se demandant où aller. Intellectuellement, son esprit a été estropié par les catégories marxistes qui l'ont formé après qu'il ait rompu avec le catholicisme de sa jeunesse. Politiquement, il était aliéné des ouvriers catholiques patriotes qui étaient la seule source des cadres dont il avait besoin pour réaliser ses idées inexistantes. Comment Soral devait-il s'adresser à eux ? En tant que camarade catholique ? Non, cela ne marcherait pas. En tant que compagnon de travail ? Non, car il avait déjà abandonné le parti communiste. Alors, peut-être en tant que compatriote français ? Mais cette catégorie n'avait plus de sens depuis la Révolution française, après laquelle elle était associée soit au principe catholique, soit à son antithèse maçonnique et crypto-juive.
L'ambivalence de Soral en ce qui concerne le principe fondamental, la réalité ultime et le Logos, l'a laissé sans voix lorsque le moment de la visitation [divine] est arrivé pour lui, puis est passé, le forçant finalement à s'exiler en Suisse parce qu'il ne pouvait pas articuler le Logos avec son électorat catholique naturel. En conséquence, les Gilets Jaunes ont été vaincus par Emmanuel Macron, qui a fait de la pandémie COVID de Jacques Attali une arme, de manière encore plus efficace que la Vendée et les Chouans avaient été fauchés par l'artillerie de Napoléon.
Les manifestations des Gilets Jaunes étaient la version du 21ème siècle de la Vendée. Il s'agissait d'un soulèvement de paysans sans direction intellectuelle, et Soral était leur manque de prophète. Le mouvement des Gilets Jaunes a échoué parce qu'il manquait de leadership intellectuel, et il manquait de leadership intellectuel parce que les leaders naturels comme Soral traversaient encore une crise d'identité quand il fallait les diriger. L'Église aurait pu fournir ce leadership, s'ils avaient été conscients de l'enseignement social catholique, mais l'Église, comme je l'ai découvert lorsque je suis allé à Rome en 2015, est toujours réticente à proclamer l'évangile sur les Juifs et largement ignorante, grâce à des néocons comme Michael Novak, du fait que l'enseignement social catholique incarné par la tradition qui commence avec Rerum Novarum dépeint la version catholique de l'économie comme le Christ crucifié entre deux voleurs : le capitalisme d'un côté et le socialisme de l'autre. En conséquence, l'Église n'atteint pas les personnes qui ont besoin de son leadership et ne soutient pas non plus les personnes qui auraient pu être les leaders politiques de l'Église.
Si Soral veut un peu d'aide pour expliquer pourquoi la manifestation des Gilets jaunes a échoué, il ferait bien de lire le livre L'Action de Jean Ousset. Ousset était le secrétaire de Charles Maurras à l'apogée de l'Action française. Il a également été une figure importante du régime de Vichy sous le maréchal Pétain, que Garrigou-Lagrange a qualifié de gouvernement le plus catholique de France depuis la Révolution française. Ousset pensait que les idées, aussi vraies ou puissantes soient-elles, ont besoin de cadres pour les promouvoir. Les révolutionnaires l'ont compris alors que l'Église ne l'a pas compris :
Les choses sont en effet allées si loin que si la Révolution devait triompher demain, son triomphe serait mérité. Depuis deux cent cinquante ans (à compter de la fondation de la franc-maçonnerie en 1717), les vagues d'assauts de la Révolution se succèdent, inlassablement renouvelées, toujours plus ingénieuses, astucieuses et efficaces. On peut donc vraiment dire que la Révolution a mérité sa conquête du monde. Ses cadres ont su se battre et persister, se dépenser avec obstination, mais aussi ouvrir leur porte-monnaie quand il le fallait.
Ousset n'est pas un pragmatique aveugle. Il comprend l'importance des idées, mais dans le domaine politique, "il est insensé de s'attendre à ce que le succès soit le résultat de la seule force des idées". Ousset voit dans "le progrès constant de la subversion" une manifestation de "la manière dont Dieu respecte la causalité du monde qu'Il a fait, en ne refusant pas le fruit normal de leurs travaux même aux impies."
Tout soulèvement qui espère réussir doit être basé sur une combinaison d'idées, qu'Ousset appelle "doctrine", et de cadres, qui sont constitués des personnes qui concrétisent les idées en les mettant en action. La forme de toutes les situations est la dialectique. Bien qu'Ousset estime que le terme "dialectique" n'a que des connotations négatives, son plan d'action est identique à la conception de Johann Gottlieb Fichte, selon laquelle la dialectique est la réaction de la conscience à la nature qui aboutit à l'action. Une action politique réussie ne peut se produire que lorsque les cadres agissent sur la doctrine. Si "la forme d'action proposée" est déracinante ou fait sortir les manifestants "de leur milieu naturel", elle est vouée à l'échec. Pour Ousset, c'est là
l'un des points faibles du soulèvement vendéen. Les paysans, qui par inclination naturelle et par intérêt immédiat ne pouvaient oublier leur devoir de s'occuper de leurs fermes, étaient continuellement tiraillés entre leur devoir de rentrer la moisson et de cultiver leurs champs d'une part, et d'autre part leur devoir d'être à leur poste dans le maquis pour combattre les armées de la Révolution. Les plans d'action doivent donc être adaptés aux conditions de vie, au caractère et aux coutumes des intéressés, mais sans que les intérêts de l'action en général soient sacrifiés pour assurer cette harmonie.
Soral avait prévu le soulèvement des Gilets jaunes, mais il n'a pas pu le diriger au moment où il s'est produit, en raison de son éloignement du Logos, ou de ce qu'Ousset appelle la "doctrine", tant sur le plan intellectuel que pratique. Soral était un publiciste ; c'était une célébrité qui répondait "à la nécessité de publications à grand tirage, de revues illustrées, de manifestations, de congrès et, si possible, de l'utilisation de la radio et de la télévision", mais il lui manquait "des cadres fiables ayant reçu une formation adéquate." La protestation des Gilets jaunes a échoué parce que "la réforme politique et sociale ne peut jamais être fondée de manière sûre" sans la combinaison de l'esprit et du corps qui est la condition sine qua non du mouvement dialectique dans l'histoire humaine :
Seule une cause qui dispose de cadres fiables, qui ont eu une formation adéquate, peut espérer un triomphe durable. Ce sont les cadres qui comptent. Supposons, par exemple, que des événements tumultueux conspirent pour rendre possible le renversement d'un certain système ou d'un certain parti, et que le succès remporté n'ait rien de plus derrière lui que la force grégaire d'un mouvement populaire spontané.
Ousset explique très clairement qu'une approche "empirique" caractérisée par un "savoir-faire professionnel ou technique" est insuffisante si elle n'est pas "éclairée par le fond général fourni par la doctrine." Ousset fait bien sûr référence à la doctrine catholique, mais même celle-ci est vouée à l'échec si "une brillante formation doctrinale" manque "de contacts suffisants avec la réalité concrète, sans lesquels il est impossible de voir la vie sociale et politique dans une véritable perspective."
L'exemple classique d'une formation doctrinale brillante manquant de contacts suffisants avec la réalité concrète est le thomisme a-historique, dont l'échec le plus récent est devenu apparent au début de la crise du COVID lorsque pratiquement tous les théologiens moraux de l'Église catholique ont identifié à tort les modificateurs de gènes de Big Pharma comme un "vaccin", alors qu'il n'en était rien. À la suite de cette erreur d'identification, toute la structure du raisonnement moral de l'Église s'est effondrée parce qu'elle était fondée sur une prémisse a-historique erronée. Entraînée par son ignorance de sa propre histoire la plus récente, l'Église n'a pas reconnu la pandémie de COVID comme une forme d'ingénierie sociale et a continué, en identifiant de manière erronée une forme de guerre biologique et psychologique, et a même approuvé le fait de se faire "vacciner" comme une expression de charité chrétienne. Cet échec spectaculaire de l'Église a mis en évidence la nécessité "d'étudier les situations, non pas de manière dilettante ou anecdotique, mais pour en saisir l'essence et en comprendre les mécanismes fondamentaux".
Soral a besoin de construire des cadres, mais il ne le peut pas en raison de son ambivalence à l'égard de la foi catholique dans laquelle il a été baptisé mais qu'il a quittée lorsqu'il est devenu marxiste. En raison de cette aliénation, il s'est coupé de la seule source de cadres actuellement disponible, à savoir les fidèles catholiques de France, qui peuvent devenir politiquement puissants une fois qu'ils se seront unifiés derrière l'enseignement catholique traditionnel sur l'économie et les Juifs. La dialectique ne peut trouver son accomplissement que dans un soulèvement catholique parce qu'aucun autre groupe ne peut combiner les idées nécessaires - ce qu'Ousset appelle la doctrine - avec un groupe réel de personnes - ce qu'Ousset appelle les cadres. "Pour être efficaces, les cadres en question ont besoin, plus que de toute autre chose, d'une solide formation doctrinale." Au-delà, "ce qui est nécessaire, c'est une formation doctrinale en contact étroit avec des problèmes réels et des responsabilités réelles : une formation doctrinale qui émerge dans le contexte d'un véritable réseau de relations humaines."
Le principal obstacle à l'accomplissement de cette dialectique en ce moment de l'histoire est l'état lamentable de la hiérarchie et du clergé catholiques. Ce que disait Ousset dans les années 1970 est a fortiori vrai aujourd'hui :
Il est impossible de concevoir un effondrement social grave dans l'histoire qui ne soit pas le résultat d'un effondrement spirituel antérieur de la part d'une partie au moins du clergé. Lorsque la société chrétienne est affaiblie ou s'effondre, c'est toujours à cause d'une hérésie. Jamais dans l'histoire une hérésie ne s'est développée sans que, dès le départ, les prêtres ne se soient mis à son service. Presque toujours, ce sont des prêtres qui ont trahi leur vocation qui ont ouvert la voie à la subversion en fournissant à l'orgueil et à la cupidité des politiciens ou des princes séculiers des arguments qui semblent justifier leur folie criminelle.
Est-ce une coïncidence si l'archevêque Vigano a annoncé le contrôle de ce qu'il a appelé "la mafia homosexuelle" sur le Vatican au plus fort des manifestations des Gilets jaunes ? Le même type de corruption cléricale a conduit à la Révolution française, lorsque :
une clique de scribes et de pharisiens ordonnés avec une phalange de soutien composée d'intellectuels laïcs pervers (dont beaucoup sont d'ailleurs d'anciens séminaristes) qui fournissent à César une justification apparente pour la crucifixion du corps mystique du Seigneur. La Révolution qui a divisé la chrétienté et qui, depuis, n'a cessé de subvertir la société humaine, est née dans des villes et des pays où un clergé hérétique ou schismatique avait déjà été coupé de l'unité avec Rome : Londres, Amsterdam, Genève, Berlin - et plus tard Moscou. Quant à la France, le jansénisme, le quiétisme et le gallicanisme avaient largement subverti le clergé pendant un siècle avant 1789.
La contre-révolution a toujours été débordée par des forces qui savaient mobiliser les idées, même quand elles étaient mauvaises :
Aucune résistance sérieuse n'a jamais été organisée en Occident contre les diverses tendances émanant de l'Angleterre, de la Prusse et des intellectuels révolutionnaires russes qui ont déferlé sur l'Europe catholique dans les sacs à dos des "prédicateurs" errants des XVIIe et XVIIIe siècles, et le déluge de tracts et de brochures imprimés dans les villes protestantes et libérales d'Amsterdam, Genève, Londres et Berlin.
De même, les bonnes idées ne valent rien si les forces de la contre-révolution ne disposent pas des cadres qui peuvent les mettre en œuvre :
Ainsi, tandis que dans les pays protestants, les adeptes de la "Réforme" étaient emportés avec enthousiasme par la vague enivrante des idées nouvelles, l'élite intellectuelle des pays catholiques somnolait complaisamment à l'abri illusoire de leurs institutions séculaires. Presque personne ne reconnaissait la menace que constituait pour nos sociétés l'expansion des loges maçonniques, ni ne se rendait compte de l'urgence de faire un effort au moins aussi énergique que celui de nos ennemis. Pourtant, ce n'est pas la culture humaine ni la ferveur religieuse qui ont manqué à cette époque. Il ne manquait que la conscience du danger.
Ousset aurait pu avoir Soral à l'esprit lorsqu'il écrivait : "Nous avons vu des mouvements de masse rassemblés à la hâte autour d'une figure de proue, mais sans unité doctrinale et stratégique ; sans préparation sérieuse ; sans cadres fiables ; sans que rien d'efficace ne soit fait pour soutenir et tirer profit de la masse des adhérents recrutés au départ".
Comme le dit un correspondant qui connaît aussi bien Macron que Soral : "M. Soral continue d'avoir des ennuis avec la loi" parce qu'"il ne formule pas sa critique de l'Empire en termes religieux, mais en termes laïques. Cela signifie qu'il n'a pas de corps organisé pour le protéger et qu'il est vulnérable aux calomnies. (Vous l'avez dit mille fois dans le contexte américain, donc je prêche à des convaincus)."
Regardant prophétiquement par-dessus l'horizon du temps il y a dix ans, Soral a vu que les "tentatives des oligarques pour imposer astucieusement une tyrannie mondiale" confrontaient le monde occidental dans son ensemble à un choix existentiel :
soit la soumission totale à l'oligarchie prédatrice qui, depuis plus de deux siècles et comme l'a théorisé Marx, mène sans relâche une " guerre de tous contre tous " pour atteindre son but ; soit la rébellion des Peuples, réduits en esclavage et souvent à la misère, contre l'oligarchie nomade qui, par des manœuvres sataniques et à son seul profit, pousse le monde vers l'âge des ténèbres prophétisé par la Tradition. 2012 verra soit l'avènement de la tyrannie impériale, soit les prémices d'une révolte populaire : la gouvernance mondiale ou le soulèvement des Nations.
Eh bien, à l'heure actuelle, il semble que les oligarques aient remporté la victoire la plus éclatante de l'histoire avec la perpétration du verrouillage par le COVID, démentant l'espoir exprimé par Soral il y a dix ans qu'"un élan spiritualiste amènera une prise de conscience de l'âge des ténèbres et du Kali Yuga, et déclenchera le rejet définitif du capitalisme par l'humanité." Lorsque Soral disait que la réaction pourrait commencer par un soulèvement populiste en Amérique, il prédisait la montée de Donald Trump parce qu'il l'avait compris :
En dernière analyse, le populisme a beaucoup plus en commun avec l'idéal pionnier américain qui combattait simultanément la Banque et l'État - alors représenté par la City de Londres et la monarchie britannique - dans la poursuite d'une démocratie mutualiste de propriétaires de petites entreprises. Il est encore représenté aujourd'hui dans le cœur de l'Amérique par un certain esprit républicain.
Trump a échoué parce qu'il était un ignorant, qui manquait à la fois de doctrine et de cadres, mais il a surtout échoué parce qu'il était une plus grande " pute juive " que Macron. Avec cet échec en tête, le même correspondant précédemment cité poursuit :
C'est pourquoi je crois sincèrement que votre travail avec votre ouvrage Barren Metal ["Métal stérile, Une histoire du capitalisme comme conflit entre le travail et l'usure", 2014] pourrait décoller en France, s'il est présenté correctement à Macron et à ses conseillers. Si mon intuition est correcte et que M. Ahmadinejad se retrouve sur le "trône du paon" (un grand si), et qu'il décide de présenter votre travail à M. Macron sur l'esprit révolutionnaire juif tout en amenant adroitement la suite, c'est-à-dire Barren Metal, cette école de pensée pourrait réussir d'une manière que la politique séculière centrée sur les travailleurs ne peut pas atteindre.
"Je pense", poursuit mon correspondant, que "Macron a l'intelligence de l'envisager, même si c'est sous forme de résumé préparé par ses conseillers. Cela lui fournirait des lignes directrices et une occasion de résoudre le problème de ce mécontentement désormais souterrain mais répandu, sans recourir à la force. C'est le fait qu'il s'agisse d'une politique économique sophistiquée mais soutenue par l'enseignement social catholique qui rend cela si palpable. La plupart des gens n'ont aucune idée que l'Eglise catholique a une opinion sur l'économie, ou qu'elle est philosophiquement sophistiquée. Je garantis que Macron ferait partie des gens qui ignorent ce fait."
Comme l'a indiqué notre correspondant, un candidat plus probable pour être le leader de ce soulèvement, c'est l'Iran. Comme pour prouver que les grands esprits fréquentent les mêmes cercles, Soral a exprimé la même idée il y a dix ans :
Après l'effondrement des trois cadres moraux occidentaux que sont le catholicisme, le communisme et l'universalisme français enraciné dans les valeurs helléno-chrétiennes, la dernière civilisation post-méditerranéenne non complètement soumise par l'Empire est le monde musulman. La résistance islamique à l'Empire est structurée autour de la République islamique d'Iran et englobe également le Hezbollah du Liban et le Hamas de Palestine. Ses positions sont parfaitement articulées dans les discours et les actions du président iranien Mahmoud Ahmadinejad.
Soral a été une fois de plus prophétique dans sa discussion sur Ahmadinejad, car l'ancien président de l'Iran est à nouveau en lice. En mai 2021, les Israéliens ont subi une défaite humiliante aux mains du Hamas à Gaza, en grande partie à cause du barrage de missiles iraniens qu'ils ont tiré sur Israël, ce qui a obligé Netanyahu à déclarer un cessez-le-feu quelques jours seulement après le début des hostilités. Le même mois, Ahmadinejad a présenté sa candidature au Conseil des gardiens, mais il a été informé qu'il n'était pas autorisé à se présenter. Cela n'a rien de surprenant, étant donné son soutien aux soulèvements populistes contre le système de gouvernement iranien, connu sous le nom de velayat i-faqih ou règle des gardiens, mais cela a ouvert une toute nouvelle dimension au rôle de l'Iran en tant que principale source d'opposition étatique au sionisme.
Dans un récent numéro de Foreign Policy, Hamidreza Azizi a affirmé qu'Ahmadinejad "ne voulait pas gagner la présidence cette année - son plan est précisément d'être empêché de gagner, afin de mieux se présenter comme une victime d'un régime fondamentalement injuste." Citant Abdolreza Davari, l'un des anciens conseillers d'Ahmadinejad et l'un de ses plus fervents détracteurs, Azizi affirme qu'Ahmadinejad pense que "la République islamique s'effondrera avec la mort de Khamenei". Cependant, contrairement à ses affirmations de démocrate libéral, son remplacement idéal du système politique actuel serait un autre type de gouvernement islamique sans velayat-e faqih ou direction suprême à son sommet."
Le récit d'Azizi ne mentionne pas la ligne de fracture fondamentale et non traitée de la politique iranienne, à savoir la scission entre le nationalisme perse et l'internationalisme islamique, entre les Perses mécontents qui, comme les Gilets jaunes en France, se sentent privés de leurs droits par l'alliance entre les mollahs et les oligarques iraniens d'une part, et les internationalistes islamiques, d'autre part, qui ont utilisé les ressources de plus en plus réduites de l'Iran pour mener la résistance armée du monde à Israël.
La grande question sans réponse est donc la suivante : pourquoi Soral n'a-t-il pas terminé son propre livre ? Pourquoi n'a-t-il pas revendiqué le titre de prophète ? La réponse est que Soral ne comprend pas la dialectique de l'histoire humaine telle qu'elle s'applique à la France, alors qu'il en incarne les contradictions. L'histoire de France commence avec la conversion de Clovis au catholicisme et le règne millénaire du Christ dans le royaume des Francs. Cette période de l'histoire s'est achevée en 1789, lorsque la nouvelle ère de la révolution a commencé. Cette ère est maintenant terminée. Elle s'est terminée par la synthèse du capitalisme et de la libération sexuelle que Michel Foucault avait négociée depuis les bains publics de San Francisco, et Soral, en tant que marxiste catholique, en incarne les contradictions. En raison de ces contradictions, Soral n'a pas d'identité, et parce qu'il n'a pas d'identité, il doit s'engager dans des cascades publicitaires pour dissimuler ce fait. Ainsi, il porte le T-shirt portant le nom de goy sans comprendre qu'il accepte par là le droit des Juifs à le définir.
Si Soral avait évité les coups de pub et posé des questions sérieuses, les manifestations des Gilets jaunes auraient pu avoir une issue différente. Si, par exemple, il avait déclaré que "les Juifs sont ceux qui ont tué le Christ et sont les ennemis de toute la race humaine", le gouvernement Macron l'aurait-il jeté en prison pour avoir cité saint Paul dans I'Épître aux Thessaloniciens 2 ? Nous ne le saurons jamais, car le moment est passé.
Ainsi donc, puisque Soral ne comprend pas la dialectique, expliquons-la-lui.[1] La thèse est le catholicisme ; l'antithèse est le marxisme, et ces deux composantes constituent l'identité contradictoire de la France à l'heure actuelle. La synthèse est le catholicisme dialectique, qui est un autre mot pour le thomisme historique. Avant d'aller plus loin, laissez-moi expliquer ce que le catholicisme dialectique n'est pas : ce n'est pas la théologie de la libération, qui est le système d'exploitation actuel du Vatican sous l'interrègne Bergoglio, alors que l'Église se trouve en captivité babylonienne du fait des Jésuites. Soral est dans la position idéale pour mettre en œuvre le catholicisme dialectique parce que le troisième renouveau thomiste était français, sous la direction de personnes comme Jacques Maritain et Etienne Gilson, et surtout du dominicain français Gérard Garrigou-Lagrange. Maritain et G-L se sont séparés au sujet de la France de Vichy, ce qui a poussé Maritain à venir en Amérique, où le thomisme a prospéré pendant un bref moment jusqu'à ce qu'il soit étranglé dans son berceau à l'université Notre-Dame, une histoire que je raconte dans mon livre Logos Rising. Il est mort parce que Maritain a lui aussi succombé aux tentations du pouvoir mondial, mais il attend maintenant d'être ravivé par l'alliance franco-américaine que Maritain a créée mais n'a pas pu réaliser.
La même dialectique de l'histoire humaine attend maintenant d'être explicitée en Iran. Elle a commencé, pour notre propos, avec le coup d'État de 1953 de la CIA qui a renversé Mossadegh et placé le Shah comme sa marionnette américaine sur le trône du Paon. Cette ère a pris fin en 1979 lorsque l'ayatollah Khomeini est revenu d'exil en France et a établi une république islamique fondée sur les écrits de Sayyed Qutb, le théoricien des Frères musulmans. Ce régime était l'antithèse du régime américain qui l'avait précédé et, de ce fait, il était fondamentalement instable. Le rejet par le Conseil des gardiens de la candidature présidentielle de Mahmoud Ahmadinejad garantit désormais la fin de l'interrègne islamique et l'achèvement de la synthèse dialectique en quelque chose de nouveau qui préserve et exalte quelque chose d'ancien, à savoir l'identité perse refoulée de l'Iran. Toute révolution conduit à une guerre civile. En France, la révolution a conduit au conflit entre les Jacobins et les Girondins ; en Union soviétique, elle a conduit au conflit entre Staline, représentant du nationalisme russe, et l'internationalisme juif, représenté par Trotski. L'ayatollah Khomeini a réussi à unir le nationalisme perse et l'internationalisme islamique pour déposer le Shah, mais cette révolution réussie s'est transformée en une guerre civile dans laquelle Ahmadinejad, le nationaliste perse, est en guerre contre l'alliance corrompue entre les mollahs et les oligarques, qui a trahi cette révolution. L'Iran et la France doivent revenir à la position par défaut, qui est toujours Logos. Les deux pays doivent revenir à la base spirituelle qui leur a permis de rejeter le matérialisme. L'année 1979 était porteuse de cette promesse lorsque l'Iran et la Pologne se sont soulevés contre le double matérialisme américain et soviétique qui avait dominé la politique mondiale après la Seconde Guerre mondiale. Ce retour au Logos a été interrompu par un interrègne "conservateur" tant en Occident sous Reagan qu'en Iran sous les Mollahs. Cette période de l'histoire est maintenant terminée. Le règne du Logos a commencé. Une convergence mystique est en cours qui ne peut être menée que par l'Église catholique, car l'Église est le véhicule du Logos dans l'histoire humaine.
Soral pense que "la parenté entre le communisme et la parole du Christ est évidente, mais elle échappe souvent aux spiritualistes, gênés par leur incompréhension de la conception marxiste du matérialisme, qui n'a aucun rapport avec le matérialisme bourgeois." Même en admettant cela, Ousset, en guise de réfutation, affirme que :
seule la doctrine sociale catholique a insisté sur le respect d'un ordre naturel acceptable par tous les hommes de bonne volonté. Est-il possible de concevoir un meilleur "outil" au service de la communauté humaine que ce déversement continuel de saine doctrine ? . . Outre le fait qu'elle est vraie, elle est aussi beaucoup plus simple à manier que l'idéologie communiste, qui est essentiellement "dialectique" et fondée sur des contradictions.
Ousset affirme qu'une "contre-attaque" contre les forces oligarchiques "est impossible en l'absence d'une élite formée, consciente et déterminée." C'est le cas parce que :
L'Église catholique est pratiquement la seule force restante qui continue à offrir une philosophie cohérente de la nature, d'un ordre naturel et d'une loi naturelle. Il peut sembler à beaucoup d'entre nous que nous risquons moins d'offenser et de rebuter nos interlocuteurs non chrétiens ou chrétiens protestants si nous fondons notre appel uniquement sur la loi naturelle sans nous référer directement à l'ensemble de l'enseignement catholique qui la sous-tend. Mais agir ainsi n'augmentera pas nos chances de succès. La meilleure approche, tant en théorie qu'en pratique, est tout autre.
La dialectique de l'histoire humaine a obligé Soral à arriver bon gré mal gré à la même conclusion :
La conclusion logique et politique de cette analyse indiscutable est que, face à une fausse opposition entre la gauche et la droite destinée à cacher l'alliance véreuse de la "droite financière" avec la "gauche libertaire", seule une union juste et équilibrée de la "gauche ouvrière" et de la "droite morale" peut constituer une opposition efficace.
Une fois que nous comprenons que l'enseignement social catholique exprime les besoins de la "gauche ouvrière" plus efficacement que le marxisme, la dualité inhérente au marxisme chrétien s'effondre dans la réalité du catholicisme dialectique ou du thomisme historique ou, dans sa forme la plus simple, du Logos, qui est du ressort de l'Église, car elle a toujours été et continue d'être - malgré la "trahison des clercs" - à la pointe du Logos dans l'histoire humaine.
[1] L'obstacle de la langue a jusqu'à présent empêché tant E Michael Jones qu'Alain Soral d'approfondir leur dialogue sous-jacent. E Michael Jones n'a lu que le volume Comprendre l'Empire, de Soral. Il se fie à un correspondant en particulier, qu'il cite sans le nommer, pour arriver à des conclusions sur l'ensemble de l'action d'Alain Soral. Il ne tient pas compte de la série des articles publiés sur le site Egalité et Réconciliation constituant une véritable formation élémentaire (et néanmoins supérieure) au dogme catholique; il ne tient pas compte non plus du contexte d'extrême censure régnant en Fance, expliquant tant les bravades que les silences alternant dans l'action de tous les résistants français à "l'Empire". Nous avons choisi de traduire et de publier ce texte à titre de jalon dans le dialogue entre deux personnages hauts en couleur, et au-delà, entre deux méthodes en recherche de leur centre, qui animent les résistants de notre temps.(ndt)
Original: CultureWars, 2021
Traduction: MP
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