Hécatombe en expansion: la vie devient inconvenante

Publié le 20/05/2017

  • Hécatombe en expansion: la vie devient inconvenante

 Par Maria Poumier

« Une vie inconvenante », c’est le titre de l’ouvrage de la jeune Lia Mills. Lia Mills a vingt ans, et elle publie son premier livre[1]. Mais elle a de la bouteille, elle se bat depuis l’âge de douze ans pour ce qu’elle appelle le « Nouveau paradigme » : un monde où l’avortement ne sera pas interdit, mais impensable, simplement. Elle est canadienne, et son pays est régi par les pro-choix. Résultat, l’avortement  s’y pratique librement jusqu’à l’accouchement, dans le système de santé publique, aux frais du contribuable. Ce n’est qu’une affaire de choix ; l’avortement sélectif fait partie des choix : résultat, un déficit net de filles, dans certains secteurs de la population, ce qui rappelle des âges reculés, et des pays barbares. Ce n’est peut-être pas un hasard…

 

Les féministes au pouvoir, ça donne des résultats bizarres. En France, la même antilogique sans faille est à l’œuvre et gagne des points depuis l’adoption de la loi Veil, qui était prudente et restrictive. Mais comme le dit Lia, c’est aussi très stimulant pour les logiciens. Dans chaque pays, des organisations internationales opaques font pression pour qu’on atteigne le score d’un avortement pour quatre naissances, dans chaque maternité, comme c’est le cas, de fait, actuellement en France. Dans chaque pays, des organisations internationales opaques veulent développer l’artificialisation  de la vie. Ce qu’on sait moins, c’est que la production d’embryons viables  in vitro repose sur le tri sélectif le plus strict, puisque strictement scientifique ; et une fois mis en route, les nouveaux humains vont à nouveau être triés « sur le volet » ; cela s’appelle la réduction embryonnaire ou fœticide in utero, c’est l’éradication obligatoire des humains superflus, en fonction des pronostics « médicaux », et selon la convenance des acquéreurs, qui n’ont aucune envie de s’encombrer d’articles ratés, qui veulent juste un rapport qualité-prix acceptable pour l'achat d'un exemplaire unique. Personne n'en revendique la propriété, personne ne voudrait les couver, les enfanter, les élever: de purs bébés-déchet, certainement recyclables, dans la cosmétique, par exemple.

 

Tuer dans l’œuf des millions frères et sœurs potentiels de survivants soigneusement choisis, ce que devraient devenir tous les nouveaux humains engendrés par la biotechnologie, voilà donc l’envers inséparable de la fabrication du bébé sur commande. C’est la condition de la Grossesse Pour Argent et de toutes les inventions conduisant à émietter la maternité, au point que n’importe qui, muni d’une carte bleue confortable, puisse être déclaré propriétaire légal d’un enfant. La paternité s’en trouve tout aussi anéantie. Seule la mobilisation de la « Manif pour tous » à partir de 2013 a empêché M. Hollande de rayer de l’Etat civil les appellations de père et mère, au profit de parent 1, 2, ou autre, au gré des recompositions selon la seule règle du désir individuel.

 

M. Macron est souvent comparé à Justin Trudeau, président jeune et ultralibéral du Canada. Des onze candidats à la présidence de la République française, il était le seul à défendre l’idée de donner la nationalité française à un enfant né par gpa à l’étranger, première étape conduisant à brève échéance à légaliser la GPA en France (le ralliement de F. Fillon, pourtant lucide et virulent sur le sujet, a de quoi laisser songeur). Les institutions européennes y tiennent beaucoup, et ont condamné la France pour ne pas avoir encore cédé. La logique  commerciale à l’œuvre est limpide : pour le moment, 90% des gens font des enfants sans que cela leur coûte plus de cinq minutes de contact intime, 10% supplient qu’on les laisse payer jusqu’à 100 000 euros et plus pour le même résultat. Il faut inverser ça d’urgence, il en va de la prospérité du business !

 

Les marchands de chats ont besoin, dans une première étape, d’imposer à la société toute entière l’idée que la stérilisation des chats de gouttière doit être totale, « pour leur bien » comme pour notre convenance. Cela ne leur suffit pas, il faut aussi qu’il y ait de la demande pour des chats de race, des chats d’élite, des chats fragiles, des chats chers. Les agences pour l’ubérisation sonnante et trébuchante de la mise au monde ont un besoin vital de réduire drastiquement la reproduction naturelle, ce qu’ils appellent les  grossesses spontanées. Et il faut aussi qu’ils créent la demande d’un produit nouveau, rare et cher à la fois. C’est à cela que sert l’offensive de Doron Mamet l’Israélien qui a lancé l’opération marketing en direction des homosexuels riches : il faut absolument que l’enfant devienne Le super-gadget pour Très libres et Très riches, La carte de visite permettant d’imposer le respect et de rabattre le caquet au commun des mortels.

 

Le supermarché fait reculer le petit épicier. L’hypermarché finit de le tuer : il reparaît, certes, le petit supermarché dans les quartiers riches, mais le petit épicier indépendant y est devenu un employé de la même grande enseigne qui fait la loi dans toute la grande distribution.

 

Lia Mills a une stratégie, pour ramener les pays riches à la raison : elle s’exprime en logicienne. Lia Mills a sa tactique, pour être entendue par les femmes à qui on fait croire que leur enfant à naître est juste un kyste bénin dont on peut se débarrasser, à peu de frais, dont on DOIT se débarrasser, parce que cela relève du niveau de vie, de leur niveau de vie, qui est un droit à défendre, leur droit à elles, qui devrait primer sur tout. En douceur, elle nous fait comprendre que là ou l'on vante la "liberté de choisir", il s'agit au contraire d'un système de pressions habiles pour qu'elles n'aient pas le choix, et que la moisson d'avortons de qualité soit abondante.

 

Lia Mills a un autre atout, une force virginale caractéristique, qui revient régulièrement dans l’histoire. A douze ans, elle cherchait un sujet d’exposé à présenter dans son école. De famille chrétienne, elle a eu l’idée de demander à Dieu de l’inspirer, et elle raconte qu’Il lui a répondu : et si tu prenais l’avortement ? Depuis, elle n’a plus lâché prise, et son livre, en attente de traduction en d’autres langues, est un nouveau chapitre du rayonnement de sa méthode. A douze ans, ses professeurs n’avaient pas voulu récompenser, effarés,  son modeste exposé. Elle l’avait alors appris par cœur, et avec sa mère, à toutes les deux, elles avaient bricolé une petite vidéo qui a fait deux millions de vue. A vingt ans, elle fait des études en sciences politiques, pour pouvoir se colleter avec le lobby de l'hécatombe.

 

Son livre se lit comme un roman palpitant sur ses aventures familiales, scolaires et métaphysiques depuis qu’elle a entendu une certaine Voix. Face à une loi récente qui prétend interdire le débat sur l’avortement sur internet, au nom de la liberté des femmes (sic), ce chef d’œuvre peut faire exploser les barrières et les murs. La GPA est un scandale qui a le mérite d'ouvrir les yeux aux naïfs, et qui amène chacun à se  poser des questions de fond. C'est le moment ou jamais.Les pays les plus riches de la planète ne pourront certainement pas le rester si chez nous la « convenance » remplace l’intelligence, comme dit Lia Mills ; mais on en est là, malheureusement, on le constate partout où la mauvaise foi, se réclamant du droit humanitaire, triomphe du droit selon l’histoire de chaque nation, et où l’arnaque prétend remplacer le sacré.

Pour l'euthanasie, tous les retraités ont compris où l'on veut nous mener: à ce que les vieux pauvres et malades soient dégagés en douceur "avec leur consentement" au plus vite. Pour l'industrie de l'avortement, il est temps que les jeunes reprennent en main leur vitalité qu'on veut leur confisquer pour qu'après, quand il sera trop tard, ils se tournent vers les marchands de bébés, éplorés, et écrasés de culpablitié pour toutes les vies qu'ils auront gâchées.

1] Lia Mills,  An Unconvenient Life, Tyer WolfeBooks, USA, 2017 (version française à paraître prochainement)

https://www.liamills.ca

 

 


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