Comment fabriquer des enfants pourris mais blancs, destinés au pouvoir.

Publié le 26/01/2020

  • Comment fabriquer des enfants pourris mais blancs, destinés au pouvoir.
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Nous pouvons et devons à nouveau interpeller nos députés, puisque le projet de loi va revenir à l'Assemblée, avec les excellents arguments repris ci-dessous.

Le vote final aura lieu le 4 février, il faut s'attendre à de nouvelles péripéties.

 1. Echantillon, fourni par Juristes pour l'enfance:

La Cour des Comptes a elle-même relevé la faible efficacité de l’AMP, puisque le taux de réussite moyen d’un parcours de PMA aboutissant à une naissance est de l’ordre de 16,9% seulement. On sait que la prise en charge à 100% incite les patientes à utiliser jusqu’au bout les tentatives remboursées par l’assurance maladie (6 inséminations artificielles et/ou 4 cycles de FIV remboursés par tentative de PMA et ce jusqu’à la veille du 43ème anniversaire de la femme), mettant à mal leur santé physique et psychologique et aggravant, passé 40 ans, les risques de développement d’une pathologie chez l’enfant éventuellement conçu (une augmentation de cinq ans de l’âge maternel entraîne une augmentation de 7% du risque d’autisme chez l’enfant).

Par ailleurs, et comme le relève également la Cour, les techniques d’AMP font courir du fait même de leur utilisation des risques pour les enfants ainsi conçus. Des études très bien documentées et portant sur des cohortes d’enfants importantes (plusieurs millions) réalisées aux Etats-Unis notamment par des centres ou instituts spécialisés dans ces techniques de reproduction ont montré que les enfants présentaient un risque plus élevé d’hériter de troubles épigénétiques, eux-mêmes causés par les traitements administrés à la mère, qu’ils avaient plus de risques que les autres de présenter à la naissance une malformation congénitale non chromosomique et ce dans une proportion très importante (40% des enfants ainsi conçus), qu’ils avaient deux fois plus de risques d’être atteints d’autisme. Et les enfants nés de FIV avec congélation des embryons seraient plus à risque de développer certains types de cancers infantiles. Les pathologies créées chez les enfants par l’utilisation même des techniques de PMA sont donc loin d’être anodines et génèrent des coûts supplémentaires très importants pour l’assurance maladie. Ils rendent d’autant plus contestables la prise en charge à 100%. Le principe de précaution mis en œuvre dans le domaine de l’environnement devrait être appliqué en la matière pour ne pas inciter les femmes à sur-recourir à la PMA, par un régime de prise en charge inapproprié.

[On ne s'explique pas l'engouement de l'Occident pour l'importation de pauvres si on omet le présupposé sous-entendu: même si les basanés affamés deviennent majoritaires dans nos pays, c'est nous, la vieille caste des blancs plus intelligents que les autres, qui garderons le contrôle de la vie politique. Or face au déclin démographique accéléré dans cette même caste, il va falloir fabriquer de la progéniture industrielle, comme l'a parfaitement assumé JM Le Pen. D'où la marche forcée à la PMA pour toutes, puis à la GPA pour tous. Les banques de sperme et d'ovocytes et d'embryons ne proposent que du haut de gamme. Bientôt on aura des institutions pour l'élevage de ces nouveaux humains, car ils seront aussi encombrants, sinon plus, que les bébés d'origine bio. Et donc les nounous auto-entrepreneuses et les garde-chiourmes basanés vont voir s'ouvrir à eux de nouveaux boulevards d 'emplois, peut-être organisés selon le modèle de l'extraction de l'or gris, les EPHAD. Et tous les enfants vont devenir des orphelins, car aucune autorité spirituelle ne leur permettra de faire leur nid en paix avec leurs parents, avec leur conscience, avec la nature.

Non, décidément, préservons la reproduction et la famille naturelles, qui vaudront toujours mieux que le cauchemar auquel on voudrait nous faire adhérer.]

2. Sur le Figaro, la réflexion sur les sous-bassements de la chose va très loin:

Bioéthique: «Parce que nos consciences nous interdisent de nous taire...»

FIGAROVOX/TRIBUNE - Pour Damien Le Guay, la mobilisation «Marchons enfants» qui a réuni plusieurs dizaines de milliers de personnes dimanche à Paris contre la loi bioéthique n’est pas inutile. Elle fait entendre une voix qui a été souvent étouffée lors des débats législatifs.

Par Damien Le Guay

Publié le 21 janvier à 19:47, mis à jour il y a 10 heure

CHRISTOPHE ARCHAMBAULT/AFP

Philosophe, éthicien, membre émérite du Conseil scientifique de la Société française d’accompagnement et de soins Palliatif (La SFAP), Damien Le Guay enseigne au sein des espaces éthiques régionaux d’Ile-de-France et de Picardie. Il est l’auteur de plusieurs essais sur la mort, dont, notamment Le fin mot de la vie (Le Cerf, 2014).


«À quoi bon aller manifester quand tout semble plié d’avance!» Toujours, quand il s’agit de sujets éthiques, et surtout quand ils vont à l’encontre de l’air du temps, un découragement semble devoir s’imposer. Et puis, après tout, quand tout le monde défend des intérêts catégoriels, qui sa retraite et qui ses droits salariaux, pourquoi faudrait-il défendre d’invisibles principes généraux et de mystérieuses normes anthropologiques, considérant que les premiers sont tordus par ceux-là mêmes qui sont censés défendre l’éthique, et que les seconds sont en pleine révolution sous l’effet de nouvelles normes juridiques?

Certes la démocratie suppose la décision majoritaire, mais, fort heureusement, tant que les assemblées législatives délibèrent, tant que les débats sont censés avoir lieu, les arguments doivent pouvoir se dire - dans l’espoir d’infléchir ceux qui décident, d’infléchir le projet de loi, d’infléchir surtout les membres du parlement qui suivent le mouvement à défaut de le partager. Tant qu’il y a un espace de discussion, il est encore temps de se manifester.

Et puis surtout, reste un inexpugnable devoir de conscience. Quand la conscience individuelle s’insurge, pourquoi resterait-elle silencieuse? Quand sa morale personnelle est offusquée, pourquoi devrait-elle se taire une fois pour toutes? Si, en démocratie, la loi exprime une morale collective (qui est d’autant plus puissante qu’elle refuse de se dire comme telle), il n’en demeure pas moins un droit individuel à la dissidence morale. La légalité s’impose à tous, et doit être respectée comme norme sociale commune, mais, en même temps, chacun est maître de sa légitimité morale. L’enjeu de cette insurrection éthique sur les sujets dits «de société» est d’abord d’exiger le droit de ne pas penser comme tout le monde et aussi de ne pas penser comme la Loi - celle qui va s’établir ou celle qui est déjà établie.

Si cette clause de conscience individuelle est un droit, elle devrait pouvoir n’être pas à géométrie variable.

Allons plus loin. Si cette clause de conscience individuelle est un droit, elle devrait pouvoir n’être pas à géométrie variable. Étrangement, dans notre pays, il est beau et noble d’aider des migrants irréguliers, et donc d’enfreindre délibérément la loi, au nom d’un «principe de fraternité» qui, fut reconnu par le Conseil Constitutionnel comme supérieur aux lois, alors qu’il est intolérable d’exercer ce même principe à l’égard des enfants à naître ou des femmes étrangères qui ont été l’objet d’une GPA. D’un côté, il y a un héros, de l’autre des salauds - au sens de ceux qui veulent, dit-on, faire perdurer des discriminations au nom d’un ordre patriarcal détestable et d’une homophobie latente. À l’égard de saints laïcs qui ignorent les frontières, la gloire médiatique! Pour les autres, le silence médiatique et le droit de les faire taire! Ainsi, il y a quelque temps, une conférence de Sylviane Agacinski fut-elle rendue impossible, et donc censurée par une vociférante minorité. Et dernièrement, une autre d’Alliance Vita à Rennes fut «perturbée» - pour le dire pudiquement. N’oublions pas la demande explicite de censure d’Anne Hidalgo, Maire de Paris, qui s’est dite «choquée et indignée» par des affiches d’Alliance Vita, qui faisaient la promotion de la différence et de la paternité. Les censures exigées par la gauche morale sont légitimes en ceci qu’elles sont motivées par l’indignation.

Loi bioéthique: un processus législatif qui surprend

Premier sujet d’étonnement éthique: la captation du débat parlementaire par la frange militante des parlementaires. Jean-Louis Touraine à l’Assemblée et Alain Million au Sénat n’ont jamais caché leur militantisme de longue date sur ces sujets de société. D’où une triple faute morale dans les processus législatifs en cours.

 

 

D’une part la partialité des auditions, l’absence de certains «experts» ou leurs auditions a minima tandis que des associations militantes étaient entendues avec une grande complaisance. Pour le dire vite, ceux qui poussaient depuis des années ces «demandes sociétales» étaient reçus en grande fraternité d’esprit, tandis que ceux qui les freinaient, les remettaient en cause, en s’appuyant sur une expertise psychanalytique ou une anthropologie religieuse, étaient reçus entre deux portes, en séries groupées ou avec un temps de parole fort contraint. Je pense en particulier à l’audition des psys - et celle, entre autres, de Pierre Levy-Soussan qui contestait, en s’appuyant sur des études américaines, la légitimité des «études favorables» aux enfants élevés par deux «parents» du même sexe.

D’autre part, le régime de contraintes collectives exercé sur les parlementaires LREM. Ceux qui émettaient des objections, comme Agnès Thill, étaient, avec brutalité indigne d’un mouvement qui refuse «le monde ancien» des partis d’embrigadement, exclus du parti - devenu un parti de ceux qui marchent droit, des marcheurs en file indienne, des marcheurs sans tête qui dépasse. Plutôt que de laisser chacun délibérer et voter en «son âme et conscience», il fallait déléguer sa conscience à la frange progressiste du parti des marcheurs - frange qui marche à gauche et veut faire marcher les autres au pas cadencé.

Celui qui tient le vocabulaire, tient le débat.

Enfin la captation du vocabulaire pour rendre plus acceptables les discussions et orienter les délibérations dans le «bon sens». Celui qui tient le vocabulaire, tient le débat. Celui qui définit les termes définit les solutions. Et depuis des années et des années, des militants bio-progressistes ont fini par mettre la main, grâce à leurs «expertises» et sous couvert de qualifications universitaires, sur les termes employés. Ainsi, quand il a été question de réfléchir, à la capacité de certaines femmes à «porter» l’enfant d’une autre femme, le premier terme apparu fut celui «d’utérus porteur». Puis, pour rendre plus sympathique cette forme d’asservissement d’un ventre de femme par le désir d’une autre femme, est apparu le terme de «mère porteuse». Mais, pour effacer l’idée même d’une «seconde» mère, pour remettre au centre exclusif la «mère d’intention», devenue la seule et unique mère, pour escamoter l’idée que la nature donne naissance à un enfant et à une mère, un nouveau terme, ou plutôt un acronyme, a fait son apparition: G.P.A. Une «gestation» biologise la maternité, l’efface et efface aussi ce lien «naturel» entre ventre et maternité. Et puis, pour rendre généreux ce geste, pour le mettre du côté de la solidarité entre femmes, il a été décidé qu’il s’agissait là d’une «Gestation Pour Autrui». Non pas pour une «donneuse d’ordre», pour une «contractante» ou pour une «femme riche qui paie une femme pauvre et l’enferme sous des contraintes strictes». Non. Non pas non plus pour une autre femme. Mais pour «Autrui» - avec cette dose merveilleuse de générosité dans l’altérité sans qualité ni sexualité.

À lire aussi : Sylviane Agacinski, sentinelle de la bioéthique

Second sujet d’étonnement éthique: «une révolution éthique et anthropologique» - selon les termes de Sylviane Agacinski, philosophe ancrée dans cette gauche traditionnelle restée sourde aux chants des sirènes progressistes. Elle s’est vue boycottée par ceux qui relativisent toute évolution, nient même l’existence de repères anthropologiques au profit d’une «fonction sociale» de tout, ou qui vont chercher chez les Pygmées ou une minuscule peuplade d’Amazonie, des exemples de parents homosexuels ou de couple à trois ou quatre. Elle analyse, avec intelligence, la marche irrépressible vers la marchandisation des corps, l’étrange interchangeabilité des rôles et des fonctions et surtout la fin du lien entre parentalité et reproduction - qui est un lien structurant. L’Académie de Médecine a indiqué, elle aussi, qu’une révolution anthropologique était en cours. IL faut dire que l’escamotage du père dans le cadre de l’extension de la PMA a de quoi interroger. Jean-Pierre Winter, psychanalyste, s’étonne de l’inédit de la nouvelle situation quand il s’agit de «réduire le père à un spermatozoïde». Confusion des rôles, interchangeabilité des fonctions, perte de sens et d’assise psychique entretenus par la ministre elle-même, Agnès Buzyn, qui indiquait que le père «ce peut être aussi une mère, des oncles, une grand-mère». Alors dans ces conditions de grande confusion anthropologique, quand rien n’est défini et que tout est remplaçable (comme dans une pièce de théâtre où tous les acteurs peuvent jouer tous les rôles), on comprend mieux pourquoi nombreux sont ceux qui considèrent que les marcheurs marchent trop vite vers un monde d’interchangeabilité universelle, de fragmentation des corps et de mise sur le marché des fonctions reproductives. Comme toujours, il est à craindre que l’aspiration à une meilleure disposition de son corps et une plus grande liberté individuelle ne soit récupérée, in fine, par le marché. La liberté de disposer de son corps et de ceux des autres fait le jeu, sans le savoir, du grand marché libéral d’échange des corps, de mixité des sexualités et de bricolage de la procréation contre monnaie sonnante et trébuchante.

Souvent, ces grandes décisions aux grandes conséquences sont prises, par la plupart des parlementaires, par peur des sanctions.

Si nous sommes au bord de cette «révolution anthropologique» et si nous versons lentement, mais sûrement, vers la récupération par le marché capitaliste de la procréation selon toutes les configurations possibles, alors il est normal de s’en étonner en ouvrant la bouche ou en battant le pavé parisien, de s’insurger en conscience et d’exercer son droit de sécession morale.

Droit d’alerter, de dire «non».

Droit aussi de demander aux parlementaires de bien réfléchir - avant de faire le grand saut. Souvent, ces grandes décisions aux grandes conséquences sont prises, par la plupart des parlementaires, par peur des sanctions, par peur de penser par soi-même, par peur de quitter le confortable

«Il faut reconnaître la liberté de conscience dans les cas de PMA sans père»

FIGAROVOX/TRIBUNE - L’avocat Geoffroy de Vries et le juriste Guillaume Drago demandent une clause de conscience dans le projet de loi Bioéthique, au nom des libertés fondamentales défendues par la Constitution.

Par Geoffroy de Vries et Guillaume Drago

Publié le 17 janvier 2020 à 18:43, mis à jour hier à 14:28

 

«Le projet de loi Bioéthique vient bouleverser les règles essentielles de la filiation en créant une filiation fondée sur la «volonté». JEAN-SEBASTIEN EVRARD/AFP


Geoffroy de Vries est avocat au Barreau de Paris et délégué général de l’Institut Famille & République. Guillaume Drago est professeur agrégé des Facultés de droit et président de l’Institut Famille & République


Auditionnés le 10 décembre dernier au Sénat par la Commission spéciale sur le projet de loi Bioéthique, les dirigeants de l’Institut Famille & République plaident pour la reconnaissance de la liberté de conscience en matière de «PMA sans père».

Notre République est fondée sur des principes constitutionnels qui engagent notre vie et nos valeurs communes ; parmi ces principes, des libertés fondamentales telles que les libertés de pensée et d’opinion qui sont les gages de la Liberté dans une société démocratique.

Les libertés de pensée et d’opinion en postulent d’autres: liberté d’expression, liberté de la presse et des médias, enfin liberté de conscience qui permet de ne pas agir contre ses convictions intimes et fondamentales.

La liberté de conscience est la «petite sœur» de la liberté de pensée

La liberté de conscience est en quelque sorte la «petite sœur» de la liberté de pensée. Elle est moins connue et sans doute plus timide: elle peine souvent à s’exprimer… Elle a pourtant toute sa place dans la grande famille des libertés fondamentales.

Cette liberté de conscience comporte un aspect personnel marqué : l’objection de conscience.

Reconnue par le Conseil constitutionnel, appliquée en diverses occasions (au profit des journalistes, des avocats, des appelés au service national refusant de porter une arme, des médecins refusant de pratiquer une IVG), elle trouve son fondement dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et dans le Préambule de la Constitution de 1946 et est garantie par la Convention Européenne des Droits de l’Homme.

Cette liberté de conscience comporte un aspect personnel marqué: l’objection de conscience. Elle permet à toute personne de refuser à procéder à un acte, d’obéir à un ordre, à une loi, lorsque cet acte, cet ordre, cette loi, heurte gravement sa conscience personnelle, sans être passible de sanction. Liberté et objection de conscience sont en réalité deux mots pour signifier le même concept, les deux faces d’une même pièce.

Elle est davantage que la liberté d’opinion car elle comporte une approche personnelle, d’ordre plus fondamental et intime que la simple opinion: elle implique un engagement de la personne toute entière, une intime conviction, en son for intérieur, qui peut être de nature philosophique ou religieuse mais non pas politique.

Il faut une clause de conscience dans le projet de loi Bioéthique

Le projet de loi Bioéthique vient bouleverser les règles essentielles de la filiation en créant une filiation fondée sur la «volonté», comme si les règles de la nature ou de la vraisemblance (en cas d’adoption) ne pouvaient suffire à créer un lien entre un enfant et ses parents.

Il est donc nécessaire et urgent d’équilibrer la loi avec une clause de conscience pour ces professionnels du droit et de la santé.

De même, l’ouverture large et incontrôlée de la recherche sur l’embryon ne peut être acceptée telle quelle par les médecins et les chercheurs. Cette législation, si elle était votée, heurtera de nombreux professionnels: les notaires et les officiers d’état civil pour les actes juridiques invraisemblables qu’elle imposerait ; les personnels de santé notamment en ouvrant les vannes d’une recherche incontrôlée et dangereuse pour les tendances eugénistes qu’elle contiendrait.

Il est donc nécessaire et urgent, si la loi était adoptée, de l’équilibrer avec une clause de conscience pour ces professionnels du droit et de la santé. Il ne s’agit pas pour eux de s’opposer à la loi mais, pour chaque personne, de faire jouer une clause relevant de sa conscience personnelle qui permettrait de confier ces actes, médicaux ou juridiques, à une autre personne parce qu’ils heurtent sa conscience, parce que chacun doit pouvoir dire «non possumus», «nous ne pouvons pas le faire», en conscience.

Alors que la loi interdit de contraindre un médecin à pratiquer une IVG, comment pourrait-on contraindre un médecin à pratiquer une «PMA sans père» et se rendre ainsi complice de la conception d’un enfant délibérément privé de père? Comment pourrait-on contraindre un notaire à établir un acte «authentique» de filiation prévoyant une fallacieuse double filiation maternelle? Comment pourrait-on contraindre un maire de retranscrire un tel acte à l’état civil, dépourvu de réalité?

En somme, il s’agit simplement de concilier deux droits: le «droit à la PMA» pour tous les couples et les femmes seules, si le Parlement, hélas, le décide ainsi, et le droit, pour les notaires, les médecins mais aussi les élus locaux officiers d’état civil, de faire valoir leur liberté de conscience.

Cette conciliation ne porte en rien atteinte à l’égalité devant la loi. La reconnaissance d’une clause de conscience n’aura pas pour effet ou objet d’empêcher la réalisation de la PMA, si elle venait à être instituée. Elle aura simplement pour effet de préserver la liberté du notaire, du médecin ou de l’officier d’état civil en organisant son déport au profit d’un autre, volontaire ou désigné par la Chambre des notaires, l’hôpital, l’Ordre des médecins ou le Préfet.

En réalité, la clause de conscience est d’inspiration républicaine: elle permet l’application de la loi, mais par un autre. C’est le contraire de la rébellion civique ou de la désobéissance civile.

«Aucune puissance terrestre n’a le droit d’exercer une contrainte quelconque sur la conscience d’un homme», écrivait Stefan Zweig dans Conscience contre violence. Il faut une clause de conscience dans le projet de loi Bioéthique.

Anti-PMA: la manif dont tout le monde ne parle pas

Le camp conservateur reste mobilisé et joyeux, alors que le texte arrive au Sénat

par

Gabrielle Périer

- 21 janvier 2020

L'avenue de l'Opéra à Paris, le 19 janvier 2020 © ISA HARSIN/SIPA Numéro de reportage: 00940829_000040

 


Alors que la loi de bioéthique doit être examinée aujourd’hui en séance plénière par le Sénat, les opposants à l’extension de la PMA aux femmes seules et aux couples de lesbiennes, rassemblés sous l’égide du collectif Marchons enfants, défilaient de nouveau ce dimanche dans les rues de Paris. Suivons notre chroniqueuse Gabrielle Périer qui s’était mobilisée…


Dimanche, dans le froid mordant de l’hiver parisien, la deuxième grande manifestation contre la PMA sans père a vu défiler de nouveau plusieurs dizaines de milliers de gens(1) venus de toute la France, en vue de l’examen par le Sénat du projet de loi déjà adopté par l’Assemblée nationale. Comme le 6 octobre, la foule était joyeuse, familiale et paisible. Place de l’Opéra, lieu de l’arrivée du cortège, une grande tribune avait été installée pour accueillir les représentants des associations formant le collectif Marchons enfants, qui assume la charge de la mobilisation. Inlassablement, ils ont répété le danger de faire les apprentis sorciers avec la filiation au nom de désirs individuels tout-puissants ; ils ont poussé un cri d’alarme face au projet institutionnel de « fabriquer des orphelins de père » ; ils ont dénoncé l’intervention croissante de la technique dans la procréation, impliquant le financement par l’État du « droit à l’enfant ».

Ils marchent contre l’individualisme dominant

Déjà présente à la manifestation du 6 octobre, j’ai décidé cette fois de m’engager au nombre des bénévoles qui aidaient à la logistique de la manifestation. On m’a affiliée à une petite équipe de cinq étudiants et un retraité, tous, sauf un, étant spécialement venus de province. Stationnés à l’arrivée à partir de dix heures du matin, trottant derrière le chef d’équipe, nous avons déplacé quelques cartons et installé des barrières, puis distribué des drapeaux verts et rouges.

La position du militant de base est très instructive. Le matin, curieux, les badauds nous interpellaient. Après avoir compris qui nous étions, une femme a aboyé : « vous n’êtes pas dans le sens de l’histoire, ni dans celui de la générosité ! » – au contraire d’elle, bien sûr, au comble du bon goût. Dans l’ensemble cependant, la plupart des gens avec qui nous avons discuté n’étaient pas enthousiastes vis-à-vis du projet de loi de bioéthique. Quand on explique en effet que la conjointe d’une femme enceinte via une PMA pourra être désormais instituée, abracadabra, en « mère 2 », la majorité est en effet sceptique. L’abstraction juridique a ses limites, qui sont en premier lieu celles de la vraisemblance. De même, cela ne plaît pas beaucoup que l’État puisse valider et concourir à l’absence de père, drame intime récurrent qui a été traité de long en large par l’art et la psychologie – et dont le dernier exemple en date est celui de Vanessa Springora, qui explique le fait qu’elle se soit laissée prendre à l’emprise de Matzneff par une telle absence. Ces sentiments, assez largement partagés, se heurtent à l’individualisme dominant qui rassure en expliquant qu’il faut laisser les gens vivre comme ils l’entendent, que chacun doit avoir le droit de vivre son amour et d’avoir des enfants, et que ça ne touchera personne d’autre (sauf les « haineux »). Pris dans cette dissonance cognitive, on la résout le plus souvent par le conformisme – qui ne nécessite que de détourner les yeux.

Les hommes effacés

Qu’à cela ne tienne, les manifestants étaient au rendez-vous. Comme d’habitude, il y avait un très grand nombre de familles, qui ont passé leur temps à s’amuser avec leurs drapeaux et leurs pancartes – au cœur de la manifestation, j’ai d’ailleurs passé un bon moment à tenter d’empêcher des enfants qui riaient innocemment de lâcher leurs drapeaux au-dessus d’une bouche d’aération, ce qui les faisait s’envoler et retomber un peu plus loin (seul incident de maintien de l’ordre que j’ai observé).

Les organisateurs avaient décidé de stratégies de communication assez comiques, dont on n’a malheureusement pas beaucoup fait l’écho : des masques blancs avaient été distribués aux hommes, censés représenter leur effacement dans le projet de loi ; des canons ont lancé des faux billets de 500 euros avec la tête d’Emmanuel Macron et le slogan « non à la marchandisation du corps humain ». Simplicité et candeur potache règnent chez ces gens qui ne revendiquent rien d’autre que l’arrêt des traficotages sur la filiation humaine.

 

Le bilan de l’événement est bien sûr mitigé : malgré l’optimisme que doivent bien sûr insuffler les organisateurs, très peu croient encore que la mobilisation pourrait aboutir à un retrait du texte. Les personnalités politiques se sont faites bien rares. Beaucoup de ceux qui étaient là le 6 octobre n’ont pas jugé utile ou politiquement opportun de se montrer dimanche – à l’exception de quelques indécrottables, François-Xavier Bellamy, Agnès Thill, Xavier Breton. Mais aussi bien sur le plan pratique qu’intellectuel, de tels événements consolident la structure d’un courant politique appelé à durer : un des faits notables de la mobilisation contre la PMA restera sans doute la reprise massive de l’argument écologique par les conservateurs, par le biais de l’« écologie intégrale » ou du « principe de précaution en matière de respect de la vie humaine ». Ceci de façon d’autant plus réjouissante qu’elle ne fait en cela, bien sûr, que retrouver ses racines : depuis le XIXème siècle en effet, c’est la droite contre-révolutionnaire qui exalte la nature contre les abstractions jacobines – et les écologistes qui prônent le « retour à la terre » devraient trouver de quoi y réfléchir.

La jeune garde conservatrice affûte ses armes. Et on n’a pas fini d’en finir avec elle.