L'expérience africaine dans le baby-business

Publié le 17/04/2016

  • L'expérience africaine dans le baby-business
L'expérience Africaine, par ARMADA (Extrait de Marchandiser la Vie humaine, éd. Le Retour aux sources, 2015, p. 315-319)


Les gouvernements occidentaux n'ont jamais renoncé à l'eugénisme et au malthusianisme. On nous annonce qu'en 2050 un quart de la population mondiale sera africaine; de quoi terrifier certains "blancs", qui ont bien l'intention de maintenir un pouvoir hégémonique pour les siècles des siècles. Aussi pour les Africains et Descendants d'Africains, le projet de prendre le contrôle de la reproduction, de déposséder la personne humaine de sa capacité organique et spirituelle la plus intime, dans une logique capitaliste de profit, et assorti d'une couverture idéologique en termes de "progrès", tout cela prend un sens criminel précis.

Ce qui est nouveau, c'est qu'on veut faire passer ces innovations par la séduction, en termes de libertés augmentées, et que cela se répand dans le monde entier grâce à Internet. Mais les Africains et Descendants d'Africains ne risquent pas de se laisser piéger, moins que quiconque ! Parce que nous gardons inscrite dans notre corps la mémoire de l'esclavage, de l'humiliation, du mépris systématique.

Autrefois, les arguments enrobant la traite et l'esclavage, pour endormir la conscience des Européens, évoquaient le salut et l'éducation des "sauvages". Mais cela fait partie de la panoplie mensongère distillée depuis des siècles par l'Occident colonial dans le but de réécrire les évènements et leurs causes profondes. C'est à une réelle guerre de conquête impérialiste que s'est livré l'Occident chrétien pour des raisons de rapine économique, financière et culturelle. Ils se sont souvent justifiés par la bulle Romanus Pontifex du pape Clément V, encourageant les Portugais à "l'évangélisation" de l'Afrique, avant "la découverte de l'Amérique", en 1554, ce qui donnait explicitement une couverture pour tous les abus, dont l'église elle-même a profité.

Y a t-il eu pour autant des esclaves volontaires ou, du moins consentant à leur sort ? Avaient-ils éventuellement quelque chose à gagner à l'esclavage ? Non ! Lisez les auteurs noirs, vous verrez que c'est tout juste un fantasme d'autojustification de "la blanchitude", c'est-à-dire du système de suprématie blanche qui a permis la destruction de la civilisation africaine, la déportation de ses forces vives, l'esclavage industriel et la déconsidération qui en dérivent.

Précisons tout de suite ce que nous entendons par "blanchitude", inversion à partir de "négritude", attitude militante pour faire reconnaître des réalités, des options poétiques et des valeurs souvent déniée aux Africains et Descendants d'Africains; "la blanchitude" est une attitude visant à renforcer un suprématisme, qui, pour certains, va de soi, parce que de fait les européens et descendants d'Européens l'imposent aux autres. Ce qui ne veut pas dire que la blanchitude soit une maladie mentale réservée aux personnes d'aspect blanc, et que les blancs ne puissent pas en réchapper : les Slaves sont à l'origine du mot latin "esclave", et, ayant pendant des siècles été capturés et vendus comme tels par d'autres blancs, ils sont beaucoup moins tentés de s'identifier à une race de seigneurs. Hitler les considérait ouvertement comme une race inférieure, qu'il voulait mettre à son service, et les Russes ont été le véritable rempart contre l'expansionnisme allemand. Aujourd'hui encore, la solidarité naturelle de ce qui s'appelait à l'époque soviétique  "l'internationalisme prolétarien "imprègne la politique russe de résistance à l'Impérialisme USraélien.

Les esclavagistes ne voulaient voir dans l'esclave qu'un individu, et limitaient autant que possible la constitution de couples stables et de familles; aux Amériques, les enfants pouvaient être vendus sans leur mère, et réciproquement; la paternité n'était pas reconnue (ce qui était bien commode pour les étalons blancs engrossant de-ci de-là des femmes noires qui produisaient "par l'opération du St Esprit" sans doute , des bâtards au teint pâle, et néanmoins esclaves). Certes, l'Eglise schizophrénique tentait de résister à cette logique purement marchande, en exigeant que les couples soient mariés par le clergé, que le dimanche et les jours fériés soient respectés, que les enfants soient baptisés (sans remettre pourtant en question l'institution, très antérieure à la conquête de l'Amérique). Mais regardons les choses en face : à vrai dire, les divers Codes noirs, inspirés du Code noir français, ne voyaient même pas les Africains déportés et asservis comme des individus manipulables isolément, mais comme des "pièces d'Inde" des objets, des biens meubles plus exactement. La France a codifié la chosification de l'enfant, de la femme et de l'homme africains dans le Code noir de 1685, se réclamant de l'Eglise. Tandis que les Amérindiens ont eu des défenseurs batailleurs, tel Bartolomé de las Casas, dont les arguments ont triomphé, de fait, le Vatican a fait le choix d'ignorer les rares religieux qui raisonnaient en termes de droits naturels pour les Africains, et enduraient la prison pour cela. Louis Sala-Molins en a publié la preuve en 2014, traduite noir sur blanc dans son ouvrage "Esclavage Réparation" "Les lumières des Capucins et les lueurs des pharisiens" . Le Conseil des Indes et le roi Charles II refusèrent en 1685 de rien changer à l'institution de l'esclavage, sur la base du fait avéré que le clergé y avait largement recours, et que les autorités ecclésiales locales ne tenaient aucun compte des objections; les religieux contestataires étaient isolés et mis au cachot, sur ordre des plus hautes autorités. Certes, en 1686, l'Inquisition romaine a énoncé des "normes" condamnant l'esclavage des noirs, sans conséquence aucune. Mais si Jean-Paul II a tenu à exprimer la repentance de l'Eglise sur ce sujet, c'est bien parce qu'il connaissait le fond de la question.

On a vraiment l'impression que "le savoir-faire" des esclavagistes de jadis est recyclé actuellement dans le monopole que veulent exercer les multinationales du baby business en matière de reproduction humaine. Il ne faut pas perdre de vue que si les Africains et Descendants d'Africains, surtout ceux des lieux de déportation et d'esclavage, sont souvent considérés par les blancs comme des homophobes, ce n'est pas seulement pour des raisons d'incompatibilité spirituelle avec l'Occident (le modèle de celui-ci étant basé sur l'adoration masculine jusqu'à glorification de la pédérastie gréco-romaine...) mais aussi parce que les enfants et jeunes esclaves hommes subissaient bien souvent des actes de sodomisation des maîtres-esclavagistes qui poursuivaient leur stratégie d'infériorisation du groupe humain noir, comportant aussi le viol permanent des femmes noires. Sodomiser une personne sans défense a toujours été une arme de destruction massive de l'estime de soi, et donc de la capacité de résistance de tout le groupe concerné.

Le délire homosexuel qui envahit l'Occident et qu'on veut imposer à l'Afrique est perçu comme un procédé de castration, et nous n'avons pas l'intention de passer sous hachoir, d'autant plus que la castration a bel et bien été pratiquée de façon massive au Moyen Âge, sur les esclaves. On sait que Verdun était la grande place européenne où des équipes de chirurgiens juifs étaient spécialisés dans la fabrication d'eunuques. C'étaient la high-tech médicale de l'époque. Il y avait un marché spécifique pour les produits (de toute race ou nation), car ils étaient réputés non seulement plus dociles, mais talentueux (musique, réflexion, politique, comptabilité). la castration a été systématiquement appliquée durant les sept siècles de l'esclavage arabo-musulman (le plus long). Les "artistes" étaient les mêmes d'ailleurs. On peut interpréter  la féminisation actuellement encouragée des hommes comme une castration collective insidieuse. Les buts ? Juguler la menace d'une virilité mâle africaine qui avait été la source de combativité dans la résistance à l'esclavage. Notre concept de la virilité est inséparable de la pérennité du triptyque spirituel et social africain, notre sainte trinité à nous, celle de l'enfant, la femme et l'homme noirs.

Car nous ne dissocions jamais le père, la mère et l'enfant, cela vient de l'ancienne Egypte, c'est la base de la Maât, l'esprit divin que reconnaissent tous les Africains, et la prière du Notre Père instituée par Jésus, est un héritage de l'Egypte ancienne, de même que le culte de la Sainte Famille, représenté par les crèches de Noël. Pour nous la famille, avec sa solidarité sans failles, est la matrice de la dévotion au bien commun. Il ne s'agit pas d'une utopie, l'Ubuntu est la condition de la survie de chacun et de tous.