Publié le 22/12/2019
Comme toutes les productions universitaires, celle-ci vaut surtout comme collection de citations et de sources documentaires précises, bien compilées, bien ordonnées. Un prof en exercice chipoterait bien sur une date ou une virgule, pour faire croire qu'il connaît encore mieux le sujet que le doctorant. Pour ce qui est de la thèse soutenue, au long de 547 p., c'est la thèse de la couleuvre: elle serpente, elle gobe ce qui passe à sa portée, elle regarde ailleurs, elle sommeille à l'abri d'instances protectrices, elle ouvre un oeil, elle baîlle avec appétit, elle serpente, elle gobe, elle excrète, elle se rendort : rien de bien méchant, il faut bien manger pour vivre, toutes les espèces ont leur espace, sous le soleil.
Texte complet ici: https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01929228
Mais ce qui compte, vu que le détail n'intéressera jamais qu'une poignée de successeurs cherchant à leur tour à faire carrière dans une université, c'est le titre, et le chapeau de présentation: ils ne sont pas de l'auteur DG, mais concoctés par des instances supérieures spécialisées dans la retouche discrète, obéissant aux minuscules éminences grisâtres qui leur susurrent des choses aussi venimeuses qu'inévitables. Et voilà pourquoi la recherche en sciences misérablement humaines est aphone, en France.
Résumé de la thèse de Didier GAUVIN Roger GARAUDY un intellectuel communiste illégitime.
Posted: 20 Dec 2019 08:48 AM PST
Conscient que la multiplicité des étiquettes qu’on pouvait lui accoler mettait à mal sa crédibilité, Roger Garaudy était naturellement soucieux de donner continuité et cohérence à une trajectoire dont tous soulignaient les contradictions :
« C'est un lieu commun de dire qu'il s'est produit plus de changements en ce siècle qu'en 5000 ans d'histoire. Que penser alors d'un homme qui, ayant eu la chance de vivre cette prodigieuse mutation, fut resté assis à la même place pour la regarder passer ? Je ne demande pardon à personne de n'avoir pas voulu être ce cadavre. »
Ainsi reconstitue-t-il sa trajectoire comme l'aboutissement d'étapes libératrices successives pour arriver au projet terminal qu'il n'aurait cessé de rechercher sa vie durant :
« A vingt ans...la grande affaire de ma vie fut de lui chercher un sens. Mais (...) changer le monde et changer la vie exige une communauté. Je n'ai pas choisi la plus facile, celle des communistes, et je ne regrette pas d'en être resté 37 ans solidaire. Ni d'y avoir lutté pour lui faire reconnaître la dimension transcendante de l'homme. Ni d'avoir préféré Don Quichotte à Sisyphe. Après le tournant des rêves (...), je me suis tourné vers un plus large univers. Sans changer de but, mais de communauté pour l'atteindre. Le but immuable, qui (...) a orienté toute ma vie, à partir de la nébuleuse de mes vingt ans, est devenu, après un demi-siècle d'expériences exaltantes et parfois douloureuses, d'une limpidité de cristal. Il peut se résumer en cet axiome : toute société prétendant faire abstraction des deux dimensions majeures de l'homme : transcendance, c'est-à-dire reconnaissance de la dépendance de l'homme à l'égard de Dieu créateur, et communauté, c'est-à-dire sentiment, en chaque personne humaine, d'être responsable du destin de tous les autres, est vouée à la désintégration. Les communautés à travers lesquelles j'ai cherché à atteindre ce but, christianisme, marxisme, Islam, sont toutes des communautés malades (il n'en existe nulle part de saines)… »
Ou encore, plus récemment : « Ma plus grande fierté est d’avoir conscience, à 84 ans, d’être resté fidèle aux rêves de mes vingt ans. Seuls des plumitifs marmonnant le « bréviaire de la haine » se sont acharnés à écrire “l’histoire de mes variations”, en collectionnant les étiquettes : chrétien, marxiste, musulman, sans imaginer qu’on puisse changer de communauté – surtout lorsqu’elles vous excluent – sans pour autant changer de but. Ma joie fut de sentir combien j’étais compris, au cours de ma vie et de ma lutte contre tous les intégrismes, par quelques-uns des plus hauts esprits de ce siècle. »
Continuité de but, peut-être, mais qu’y a-t-il de commun entre les thèses explicites du Garaudy des années 1950 et celui qui affirme dans ses mémoires (1989) ses trois « postulats de l'espérance » :
« 1. Le postulat de transcendance : le possible fait partie du réel. L'homme est autre chose et plus que l'ensemble des conditions qui l'ont engendré (...)
2. Le postulat prophétique : l'homme est l'être qui juge et agit dans le présent, à partir de l'avenir, à partir de la fin (...)
3. Le postulat eschatologique : celui de la résurrection (...) »
A l'explication par les causes, le philosophe oppose kantiennement l'explication par les fins comme seule adaptée à la conduite humaine; aux « lois abstraites » de la science, il reproche -thème classique- de ne pas saisir l'individu dans son « irréductible singularité ». [et blablabla etc]