La mort de Fidel, c'est l'occasion de renouveler notre fidélité à sa fidélité, comme pour tous ceux qui ont travaillé pour la révolution cubaine.
La date des funérailles, le 4 décembre, n'est pas choisie par hasard : c'est la fête de Sainte Barbe, qui est aussi Changô, dieu de la guerre et de la foudre. Tous les Cubains savent que Fidel, c'était "celui que Changô montait", ce pourquoi on l'appelait "el caballo". Et un chant religieux connu de tous dit "Que viva Changô" . (https://www.youtube.com/watch?v=sLWLP6SZKXk )
Le choix de son frère Raul, pour le programme des jours à venir, dit ceci : il a été, et il restera, le héros de pauvres et des opprimés. Et c'est la capacité de libération, d'entêtement et courage du peuple, qu'il a incarnée. Il était fils d'un propriétaire terrien, mais ce n'est pas pour les classes moyennes qu'il s'est battu, c'est pour les héritiers des esclaves.
Et la protection de la nation, le patriotisme et la défense du pays avec toute une population qui faisait des gardes en armes, pendantplus de trente ans, c'était le lieu de convergence et de potentialisation de toutes les énergies.
Concentration de feu et puissance de feu, Fidel ne pouvait qu'être incinéré, et refaire, dans son dernier voyage, de La Havane à Santiago, l'itinéraire de la conquête de Cuba entre 1956 et 1959, avec une douzaine de guérilleros dans la jungle.
Santiago de Cuba, en Oriente, en face de l'île d'Haiti, la première république indépendante d'Amérique, et la première république noire, c'est de là que sont parties les guerres d'indépendance du XIX° siècle, et les combats pour l'abolition de l'esclavage.
Santiago de Cuba, c'est la province de El Cobre, le sanctuaire de la patronne de Cuba depuis 1915, la Vierge qui était apparue à trois petits enfants, un indien, un noir et un blanc, en 1611.
Les papes (Jean-Paul II en 1998, François en 2015) se rendent toujours à El Cobre. Appelée aussi Ochun, et vénérée par toute la société, sous un angle ou un autre, elle est fêtée le 8 septembre, et elle a été emmenée en procession depuis Santiago jusqu'à l'extrême ouest de l'île pour commémorer les 400 ans de son apparition, en 2011.
C'est tout cela que portent les funérailles de Fidel: le retour à la mère de la Miséricorde, et l'éternel renaissance du feu de la volonté, de la souveraineté. José Marti, celui qui a constitué la conscience cubaine, par la réflexion, par l'action et par la parole (1853-1895), se disait "rey de mi mismo", roi de lui-même. Fidel, son héritier qui a su le mettre au coeur de La Havane et de l'avenir, restera comme celui qui a su faire plier les plus puissants (US et URSS entre autres), parce qu'il n'a été manipulé par personne.
Depuis 2006, l'année où il avait choisi de se retirer du pouvoir, il a publié des analyses et commentaires de l'actualité internationale qui ont continué un formidable travail d'éducation du peuple. Un peuple qu'il n'a laissé abrutir par aucune propagande commerciale, mais qu'il a centré sur les vrais enjeux, les vrais combats, les vrais ennemis. Tout cela a un prix.
Fidel l'a payé, ce prix, Les médias et les valets de l'impérialisme l'ont éreinté. il n'a été ni corrompu ni corrupteur.
Un pays qui se prend en main est un pays qui s'appuie sur ses fondements : les plus vilipendés, le socle couleur de terr, le peuple secret qui porte les autres sur ses épaules.
Voir aussi : http://plumenclume.org/blog/83-l-un-des-secrets-les-mieux-gardes-de-l-histoire-de-la-revolution-cubaine
mp